La Bataille de Moscou
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La Bataille de Moscou
La dure bataille de Moscou
Texte de Jacques Franck
Le plus vaste affrontement de l'Histoire moderne : sept millions d'hommes.
Les historiens ont donné un statut quasi mythologique à la défaite allemande de Stalingrad, à la victoire russe de Koursk, à la tragédie du siège de Leningrad, mais traité le plus souvent de façon sommaire et hâtive la bataille de Moscou (30 septembre 1941 - 20 avril 1942). Or, cette bataille fut la plus gigantesque de la Deuxième Guerre mondiale : 7 millions d'hommes y furent engagés, dont 2,5 millions furent tués, faits prisonniers, portés disparus, grièvement blessés (parmi lesquels 615000 du côté allemand). À comparer avec les 3600000 hommes engagés à Stalingrad (perte combinée dans les deux camps : 912000), les 310000 qui s'affrontèrent à El Alamein, ou encore avec les 1100000 perdus par les Allemands et les Alliés lors de la bataille de la Somme (juillet-août 1916).
UN LAPIN DEVANT UN BOA !
L'importance de l'échec des Allemands devant Moscou ne saurait être sous-estimée. Il était le premier qu'ils enregistraient depuis le déclenchement de la guerre, il frappa durement leur moral, il fouetta la résistance russe sérieusement ébranlée par la facile arrivée des blindés de Guderian à cent kilomètres de la capitale, il dissuada les Japonais d'attaquer la Sibérie comme Staline le craignait et les orienta plutôt vers l'Asie du Sud-est. Bref, si des historiens estiment qu'une victoire allemande à Moscou n'aurait pas empêché l'URSS de triompher à la longue-vue la profondeur de son territoire et l'ampleur de sa population, d'autres pensent en revanche qu'elle aurait désintégré les fronts de Leningrad et de l'Ukraine et qu'à l'automne de 1941, Hitler aurait gagné la guerre en Europe.
Dès lors, pourquoi cette minimisation de la bataille de Moscou par les Soviétiques ? Andrew Nagorski a voulu en avoir le cœur net. Journaliste pendant trente ans à "Newsweek", dont il dirigea les bureaux à Moscou, Rome, Bonn, Berlin, Varsovie, aujourd'hui directeur du service politique de l'Institut Est-Ouest à New York, il a mené son enquête dans les archives dont beaucoup d'inédites à Moscou et rencontré sur place les derniers vétérans ou civils survivants de la bataille. Sa conclusion est claire : Staline accumula dans un premier temps trop d'erreurs (refus d'entendre les avertissements de l'imminence de l'attaque du 21 juin 1941; indifférence bestiale au sort de ses hommes - "Ne faites pas de sentiments", ordonnait-il à ses généraux); terrible affaiblissement des cadres de l'Armée rouge, par les purges de 1937-38, dont l'effet se fit sentir jusqu'en 1943, pour que les historiens soviétiques n'aient préféré gommer les problèmes. Krouchtchev dira plus tard qu'il avait vu le maître du Kremlin "paralysé par sa peur d'Hitler, comme le lapin devant un boa" !
Staline se ressaisira. Comme Hitler, il se mit à faire plus confiance à ses intuitions qu'à ses généraux. Comme Hitler, il maintiendra son système de terreur, allant même jusqu'à constituer à l'arrière des fronts des détachements du NKVD chargés d'abattre ou fusiller sur le champ tout Soviétique qui fuirait le champ de bataille ou se rendrait à l'ennemi.
LES BOURDES DU FÜHRER
La guerre à l'Est fut, de part et d'autre, d'une sauvagerie que ne connut pas celle à l'Ouest. Si les Nazis ne s'étaient pas comportés par racisme avec une telle cruauté exterminatrice et un tel dédain à l'égard des populations slaves, qui bien souvent les avaient accueillis en libérateurs au début de la guerre, bien des choses auraient pu tourner autrement. De même si Hitler n'avait pas empêché les blindés de Guderian de foncer sur Moscou pour les dérouter vers l'Ukraine (pour le blé) et le Caucase (pour le pétrole) ! De même encore si "le général Boue et le général Froid", comme disait Vassili Grossman, n'avaient pas combattu du côté russe...
Staline fut bien aidé par les bourdes du Führer avant de reprendre la main avec l'aide matérielle des Anglais et des Américains. Parmi ces derniers, doit constater Nagorski, les plus proches de Roosevelt manifestaient une admiration ignorante et naïve pour Staline. Elle se concrétisera dans le sacrifice qu'ils lui firent à Yalta de près de la moitié de l'Europe !
Texte de Jacques Franck
Le plus vaste affrontement de l'Histoire moderne : sept millions d'hommes.
Les historiens ont donné un statut quasi mythologique à la défaite allemande de Stalingrad, à la victoire russe de Koursk, à la tragédie du siège de Leningrad, mais traité le plus souvent de façon sommaire et hâtive la bataille de Moscou (30 septembre 1941 - 20 avril 1942). Or, cette bataille fut la plus gigantesque de la Deuxième Guerre mondiale : 7 millions d'hommes y furent engagés, dont 2,5 millions furent tués, faits prisonniers, portés disparus, grièvement blessés (parmi lesquels 615000 du côté allemand). À comparer avec les 3600000 hommes engagés à Stalingrad (perte combinée dans les deux camps : 912000), les 310000 qui s'affrontèrent à El Alamein, ou encore avec les 1100000 perdus par les Allemands et les Alliés lors de la bataille de la Somme (juillet-août 1916).
UN LAPIN DEVANT UN BOA !
L'importance de l'échec des Allemands devant Moscou ne saurait être sous-estimée. Il était le premier qu'ils enregistraient depuis le déclenchement de la guerre, il frappa durement leur moral, il fouetta la résistance russe sérieusement ébranlée par la facile arrivée des blindés de Guderian à cent kilomètres de la capitale, il dissuada les Japonais d'attaquer la Sibérie comme Staline le craignait et les orienta plutôt vers l'Asie du Sud-est. Bref, si des historiens estiment qu'une victoire allemande à Moscou n'aurait pas empêché l'URSS de triompher à la longue-vue la profondeur de son territoire et l'ampleur de sa population, d'autres pensent en revanche qu'elle aurait désintégré les fronts de Leningrad et de l'Ukraine et qu'à l'automne de 1941, Hitler aurait gagné la guerre en Europe.
Dès lors, pourquoi cette minimisation de la bataille de Moscou par les Soviétiques ? Andrew Nagorski a voulu en avoir le cœur net. Journaliste pendant trente ans à "Newsweek", dont il dirigea les bureaux à Moscou, Rome, Bonn, Berlin, Varsovie, aujourd'hui directeur du service politique de l'Institut Est-Ouest à New York, il a mené son enquête dans les archives dont beaucoup d'inédites à Moscou et rencontré sur place les derniers vétérans ou civils survivants de la bataille. Sa conclusion est claire : Staline accumula dans un premier temps trop d'erreurs (refus d'entendre les avertissements de l'imminence de l'attaque du 21 juin 1941; indifférence bestiale au sort de ses hommes - "Ne faites pas de sentiments", ordonnait-il à ses généraux); terrible affaiblissement des cadres de l'Armée rouge, par les purges de 1937-38, dont l'effet se fit sentir jusqu'en 1943, pour que les historiens soviétiques n'aient préféré gommer les problèmes. Krouchtchev dira plus tard qu'il avait vu le maître du Kremlin "paralysé par sa peur d'Hitler, comme le lapin devant un boa" !
Staline se ressaisira. Comme Hitler, il se mit à faire plus confiance à ses intuitions qu'à ses généraux. Comme Hitler, il maintiendra son système de terreur, allant même jusqu'à constituer à l'arrière des fronts des détachements du NKVD chargés d'abattre ou fusiller sur le champ tout Soviétique qui fuirait le champ de bataille ou se rendrait à l'ennemi.
LES BOURDES DU FÜHRER
La guerre à l'Est fut, de part et d'autre, d'une sauvagerie que ne connut pas celle à l'Ouest. Si les Nazis ne s'étaient pas comportés par racisme avec une telle cruauté exterminatrice et un tel dédain à l'égard des populations slaves, qui bien souvent les avaient accueillis en libérateurs au début de la guerre, bien des choses auraient pu tourner autrement. De même si Hitler n'avait pas empêché les blindés de Guderian de foncer sur Moscou pour les dérouter vers l'Ukraine (pour le blé) et le Caucase (pour le pétrole) ! De même encore si "le général Boue et le général Froid", comme disait Vassili Grossman, n'avaient pas combattu du côté russe...
Staline fut bien aidé par les bourdes du Führer avant de reprendre la main avec l'aide matérielle des Anglais et des Américains. Parmi ces derniers, doit constater Nagorski, les plus proches de Roosevelt manifestaient une admiration ignorante et naïve pour Staline. Elle se concrétisera dans le sacrifice qu'ils lui firent à Yalta de près de la moitié de l'Europe !
Dernière édition par Admin le Ven 9 Nov - 20:07, édité 1 fois
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